
Rédactrice pour le magazine féminin AMINA, écrivaine, consultante en exécutrice de programme humanitaire, fashionista, amatrice de sac DIOR ... Charlotte Seck est notre invité de ce mois ci. A 33 ans, cette femme a un parcours impressionnant. Née à Dakar au Sénégal puis expatriée en France pour poursuivre ses études, cette femme correspond à tous les critères de la femme ambitieuse. Nous avons convenu d'un rendez-vous à l'hôtel Le Senat parce que je souhaitais vraiment connaitre et surtout partager son témoignage. Voici les détails de notre entrevue :
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Moment convivial à l'hôtel le Sénat |
INTERVIEW
LDN : Quand est ce qu'a commencé ta carrière dans la politique étrangère, le développement et l'humanitaire ?
SC : C'est une longue histoire, mais cela commence toujours depuis mon enfance. Il y a eu une tragédie au Sénégal lors du naufrage du bateau "Le Djola" aux côtes sénégalaises en 2002, j’avais 16 ans. Le peuple accusait le gouvernement mais le Maitre Abdoulaye Wade a encouragé le peuple à "effectuer une introspection individuelle et de se demander quelle est la part de responsabilité que nous avons dans chaque aspect de notre vie ." Cette phrase a réellement changé ma vie puisque je faisais face à un harcèlement moral au sein de ma propre famille, suite au divorce de mes parents. J'étais confrontée à la méchanceté de certaines de mes tantes qui me qu’elles me jetteraient chez mon père où je n’aurai rien à manger que du poisson séché et que j’étais mauvaise comme mon père et toutes les personnes de mon ethnie les lebous, même si d'autres membres de ma famille m'aimaient énormément, je n’avais pas rencontré mon père, c’était un moment difficile de ma vie et ça n’a pas changé lorsque j’ai rencontré mon père à l’âge de 8 ans. Je me suis demandée :" est ce que je vais rester là à me plaindre de cette situation, ou est-ce que je vais prendre ma part de responsabilité dans chaque événement qui se passe dans le monde." Suite à cette réflexion j'ai commencé à m'intéresser à la justice sociale. Ma mère m’offrait le Journal Le monde Diplomatique afin que je sois au courant de toutes les actualités dans le monde. Petite anecdote, je me souviens avoir écrit une lettre à Lionel Jospin à l'époque où il était premier ministre où je lui demandais de cesser les ingérences et de voir le Sénégal comme un pays mature avec lequel la France aurait une coopération équitable. Ma mère postait mes lettres et j'avais des réponses de la part de ces ministres. Apres mon bac, j'ai suivi des études dans un institut d’études politiques et juridiques. En 2008, en quatrième année d’études en relations internationales, je me suis rendu à New York pour mener une enquête sur la mondialisation pendant sept mois auprès de l’organisation des Nations unies, le FMI, l’office d’agriculture du Texas, la banque mondiale et le PNUD. Ce séjour aux États-Unis a enrichi mes connaissances en relations internationales, en économie et en politique étrangère. La même année j'ai rédigé aussi son premier livre "sa vie entre luxe et humanitaire" qui va paraître aux éditions l’harmattan en juin 2009. Ensuite mon deuxième ouvrage paru en juin 2013 dont la soirée de lancement s’est déroulée à l’UNESCO. En mai 2016 j'ai été sélectionnée par l’organisation des Nations Unies , précisément le bureau des Nations unies, pour les 48 pays les moins avancés pour représenter les jeunes issues des pays les moins avancés à la conférence à mi-terme du programme d’Istanbul pour les pays les moins avancées et diffuser le suivi des évolutions de ce programme des Nations Unies. Par la suite, en décembre 2018, j'ai été sélectionnée par ADEPT plate-forme et la commission européenne lors des travaux liés à la signature du pacte mondial sur les migrations à Marrakech avec l’organisation des Nations unies et le royaume du Maroc. C'est en juillet 2019, que j'ai été nommée ambassadrice pour la lutte contre le trafic d’être humain par le bureau des Nations Unies contre la criminalité et la drogue : le bureau de l’Afrique de l’Ouest. Cela a permis de faire un plaidoyer et de mettre en lumière ces pratiques.

LDN : Toutes ces expériences dans l'écriture t'ont aidé à devenir rédactrice pour AMINA Magazine ?
SC : En effet, c'est un grand enchaînement de situations, qui m'a amenée à ce que je suis aujourd'hui. Le fait que je sois rédactrice pour le MAGAZINE AMINA, est un grand hasard. J'étais en interview pour mon deuxième ouvrage "Jusqu'à ce que l'éternité nous sépare", qu'un des intervenants a émis l'idée qu'il était possible pour une écrivaine de travailler dans une rédaction d'un magazine, pas en tant que journaliste mais en tant que rédactrice, parce que toutes les personnes qui écrivent des livres, écrivent aussi des articles. C'est de cette manière que je suis à AMINA MAGAZINE que j’ai intégré depuis le 6 janvier 2014 ! En gros, c'est pour ça que je n'ai pas de vie (rire) que si l'on ne m'appelle pas pour le magazine on m'appelle pour un programme Humanitaire ou autre.
LDN : Il y a plusieurs points qui m'ont vraiment intéressé dans ton parcours mais ce que je retiens c'est vraiment que ta mère a représenté un appuie réel dans ton appétence pour la lecture et la rédaction depuis ton enfance ! Quel est le regard que ta mère a sur ton parcours ?
SC : Franchement j'ai l'impression qu'elle s'en fout (rire), parce qu'elle ne lit pas AMINA MAGAZINE, si tu lui demandes ce que je fais pour les ONG, elle va dire "je ne sais pas", Il n’y a aucun de mes livres chez elle. En fait, je ne m'entends pas avec deux de ses sœurs qui sont tout de même proche de ma mère, et c'est vrai que cette situation nous éloigne un peu elle et moi. Mais il est vrai que tout ce que je suis aujourd'hui c'est grâce à elle. Si je sais écrire un programme de développement, c'est grâce à ma mère, si je sais écrire des livres, c'est grâce à ma mère, si je sais écrire des articles c'est grâce à ma mère, si je suis la Charlotte que tout le monde connait, c'est grâce à elle. Tout le crédit lui revient exclusivement à elle. J'ai eu une passion pour les relations internationales et la littérature et elle a nourrit ces passions ! C'était une femme active et pourtant elle avait le temps de me donner une éducation d’excellence et d’élites. Même une fois que je suis arrivée en France, ma mère m'envoyait de l'argent tous les mois afin que je ne manque de rien.
Voici une petite anecdote, j'ai rencontré un ministre Anglais pendant un séminaire à l'ONU où j'ai pu prendre la parole durant cinq minutes qui m'a dit "en vous entendant parler j'ai senti que vous avez été élevée par une femme qui su faire de vous un leader. Elle a bâti le fondement qui manque a beaucoup de personnes de notre milieu et c’est pour cela que vous avez réussi à être là à 33 ans à travailler avec les plus grands de ce monde." Donc tout cela c'est vraiment grâce à ma mère. Quand je vois les piles de magazines AMINA et mes livres chez les parents de mes amis d’enfance, alors que chez ma mère vous ne trouverez pas un seul Amina Magazine et vous ne trouverez aucun de mes livres.
LDN : Elle en a trop lu quand tu étais petite (rires). Voici la première photo que j'ai vu de toi (voir photo ci-dessous). Grâce à cette photo j'ai pu voir que les rédactrices d'AMINA étaient stylées en fait (rires). AMINA MAGAZINE, je pensais que c'était un magazine qui visait principalement les lectrices d'âge mur, mais avec toutes les nouvelles personnalités qui en font la une, comme Didi Stone, Fatou Ndiaye Fanny Neguesha entre autres, est ce que le but d'Amina magazine est de rajeunir l'audience ?

CS : Complètement, avec toute l'équipe nous nous efforçons dans un premier temps de garder nos lectrices principales à savoir les femmes actives d'âges mûres mais aussi d'élargir notre audience à un public plus jeune. Etant donné que notre équipe est assez jeune, nous proposons de nouveaux thèmes à notre directrice de rédaction qui est ouverte pour accepter nos propositions. De manière plus concrète nous avons changé le typographie du Magazine. Notre volonté était de clairement moderniser tout en gardant notre identité.
LDN : Le magazine AMINA est une belle victoire pour les femmes Noires car cela concerne spécifiquement cette audience. La représentation est très importante. En tant que personnes issues de la diaspora nous avons besoin de nous sentir représenter dans les médias. A ce sujet, que penses-tu, à titre de rédactrice d'un magazine, des erreurs commises par les magazines comme ELLE ALLEMAGNE, qui poste des titres équivoques et qui confondent les noms des mannequins ? Comment au Magazine Amina, faites pour éviter ce genre de frasques ?
CS : Des erreurs dans une rédaction, c'est possible. Après il y a des erreurs énormes. A titre personnelle, il m'est déjà arrivé de me tromper sur le nom d'un intervenant, j'en avais pleurer. (rires) par la suite, la personne m'a appelé et m'a rassuré. Des erreurs ça arrive, mais il y en a qui sont trop énormes. Etre noire ce n'est pas une tendance ! C'est pour cette raison que j'encourage les personnes à acheter AMINA MAGAZINE, parce que nous sommes spécialisées dans la promotion des femmes noires, métisses, issues de la diaspora et nous respectons ces femmes à leur juste valeur. Je me réjouis de voir des personnes taguer le magazine sur leurs réseaux sociaux. Nous avons une community mannager qui s'appelle Anna qui est tout ce que représente la modernité des réseaux sociaux. Elle a totalement changé la manière dont les personnes perçoivent AMINA à présent. Anna a commencé à nous donner une existence sur les réseaux sociaux. Et je tiens à la remercier car elle a changé les choses. Nous sommes une belle équipe, et c'est important de remercier toutes les personnes qui font AMINA.
LDN : Quelles sont les projets pour toi Charlotte ?
SC : Je lance une nouvelle version d'HUNIMAL. L'objectif est de faire lire HUNIMAL à un maximum de personnes avant de sortir le tome 2. Je viens de finir un programme atour de l’objectif du développement durable numéro 4 des nations unies : une éducation de qualité.
Au terme de cette interview, j'ai été totalement ravie de recevoir une personnalité si diverse dans la manière d'embrasser toutes ses carrières et ses expériences qui rendent Charlotte Seck si forte et d'une ambition à imiter. AMINA MAGAZINE est un magazine de mode qui a le chic de représenter les beautés des femmes noires, métisses issues de la diaspora.
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